Ours d’argent du meilleur réalisateur de la Berlinale 2014, Boyhood de Richard Linklater s’est notamment fait remarquer au sein des médias par son projet tout à fait hors du commun tenant presque de l’exploit: réussir à garder et à filmer les mêmes acteurs durant 12 années. Un projet ambitieux et risqué pour un résultat littéralement brillant !
Boyhood raconte l’évolution du jeune Mason de l’âge de 6 à 18 ans vivant avec sa soeur et sa mère, séparée du père. Nul besoin d’en dire plus, on sait que l’on va assister à des tranches de vie. Ce qui est fascinant, c’est de constater comment le réalisateur de Génération rebelle arrive à construire son récit avec tant de simplicité. Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde tellement cela ne sonne faux à aucun moment. La grande prestation des acteurs y est d’ailleurs pour quelque chose. Le quatuor, Ethan Hawke (Génération 90, Training day, Sinister …), Patricia Arquette ( True romance, Le veilleur de nuit …), Lorelei Linklater (fille de Richard) et surtout Ellar Coltrane (que l’on reverra à l’avenir) épatent de bout en bout et semblent vrais. On y croit !
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Boyhood, c’est aussi un film qui est pensé intelligemment dans sa construction. Un scénario concis qui permet de montrer des personnages en constante évolution. On y montre des vies et on parle de la vie, sans jamais tomber dans la répétition. On y exprime des problèmes sans jamais tomber dans le mélodrame. On y invite le spectateur à s’auto-identifier petit à petit sur des détails sans jamais l’impatienter ou le perdre à travers des discours et représentations se voulant branchés et/ou élitistes (prends-en de la graine Kéchiche !). Et surtout, si « cliché » il doit y avoir, la justesse du propos fait que finalement on ne le remarque pas et on continue de se laisser emporter dans l’histoire. En fait, c’est tout simplement le genre de film où l’on a l’impression de se sentir vivant, que ce soit dans ses éléments dramatiques ou joyeux, sans jamais mener à l’épuisement. Boyhood ne s’attarde pas sur ce que le spectateur a déjà compris ! Il mise avant-tout sur la justesse du scénario, la fluidité du montage et la qualité de ses acteurs. La réalisation, propre et typique du cinéma indépendant américain aide parfaitement à mener jusqu’au bout les ambitions du réalisateur : on est proche de la réalité mais c’est quand même du cinéma.
Boyhood, c’est bien entendu ce film qui vous rendra nostalgique pendant et après le visionnage. Honnêtement, c’est à mes yeux le meilleur film que j’ai pu voir pour le moment en 2014, détrônant de peu le fameux American Bluff. Ne prenez pas peur devant le durée de ce film, peut-être que tout comme moi, vous vous direz au sortir de la séance : « je serais bien resté 1 heure de plus! » .
Article rédigé par Alex pour Conso-Mag.