[critique cinéma] Cha Cha Cha

Cha Cha Cha est le type de film devenu totalement inutile depuis que les séries policières ont envahi le câble. Faire un polar/thriller d’1h25 avec une intrigue filiforme et une mise en scène télévisuelle s’apparente à un suicide commercial ou à une vacuité totale du geste artistique. Comment Marco Risi a-t-il pu s’attaquer à ce projet ? Ne s’est-il pas douté que la résolution d’une intrigue dont la mise en place avait déjà pris 20 minutes et ramassée donc sur 1h allait être aussi stimulante que la cuisson d’un œuf à la coque ? Les questions s’accumulent mais sérieusement comment peut-on encore financer ce genre de film ? Les séries qui possèdent l’avantage d’une continuité narrative ont poussé ce type de film vers une obsolescence programmée !

Prenez une série policière type Forbydelsen (The Killing), qu’elle fasse 20 (1er saison) ou 10 (2e saison) épisodes, elle reste mille fois plus captivante qu’un film dans lequel l’intrigue n’est pas encore mise en place qu’elle est déjà résolue. Pour réussir à maintenir en haleine le spectateur le scénario n’est dans ce cas de figure d’aucun secours et c’est bien le problème auquel est confronté le cinéma aujourd’hui. Comment peut-il rivaliser avec les séries qui se jouent de son terrain vague ? Sa seule échappatoire est évidemment la force de sa mise en scène, dans sa proposition formelle. Malheureusement dans Cha Cha Cha, la forme composée de vues aériennes et nocturnes de Rome, d’univers architecturaux où l’épure est reine, de teintes orangées sombres emprunte tous les codes visuels des séries du type Les Experts.

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Pressé d’aller vite le film ne ménage aucun suspens. Il s’avale en pilote automatique. Corso (Luca Argentero) un détective privé ancien flic est engagé pour surveiller le gamin d’une actrice célèbre (Eva Herzigova), elle-même mariée à un avocat influent. Le gamin échappe un instant à la surveillance de Corso le taciturne avant de se fait tuer sous ses yeux impuissants. Le meurtre est déguisé en accident mais Corso ne se fait pas avoir si facileme,t. Il enquête. La pègre locale tente de l’en dissuader mais vu qu’il aime l’actrice, pour elle il persévère. Une heure plus tard, l’assassin est démasqué, pour ce faire Corso employera ses méninges comme Les Experts et trouvera la solution grâce à la technologie. Vous êtes prévenu, they are watching us !

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Cet exercice de style vain n’accouche d’aucune surprise. On y revoit Eva Herzigova au cinéma dans un rôle tragique cette fois. La voir jouer une mère éplorée puis vengeresse n’est pas inintéressant. La dernière fois que je l’avais vue au cinéma, elle était coincée à moitié nue dans un placard avec l’ami Gérard (Les anges gardiens de Poiré), c’était en 1995. Elle n’a pas pris beaucoup de cours depuis. Risi ne la déshabille pas à l’écran, sa présence au casting reste énigmatique. Par contre il pique quelques scènes à Eyes Wide Shut de manière assez grossière. Faut-il voir des femmes se dévêtir pour comprendre qu’on pénètre l’antre d’une société secrète ? Vous l’aurez compris Cha Cha Cha suscite beaucoup d’interrogations mais surtout une certaine forme d’inquiétude. Alors que les salles de cinéma sont engorgées, ce film aux allures de série bon marché aurait mieux fait de desservir directement le petit écran.

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