[Critique cinéma] Gone Girl

Cher David Fincher,

J’ai toujours aimé tes films, ta vision du cinéma. Tu fais partie des réalisateurs qui me donnent envie de faire du cinéma. Ta filmographie est parfaite dévoilant un cinéaste qui sait ce qu’il veut et où il va. J’ai adoré chacun de tes films, du plus connu, Fight Club, en passant par Panic Room, et même Millenium qui a pourtant divisé. Mon préféré reste Zodiac. Ton nouveau film Gone Girl constituait alors pour moi une attente fébrile. Qu’allait donc nous réserver le maître dans son nouveau thriller ? Grâce à un marketing parfaitement rodé on nous promettait un film sombre, un thriller presque à l’ancienne avec une histoire plutôt classique : la disparition d’une femme et la mise en cause de son mari. A la vue du rendu final je ne peux qu’être déçu de Gone Girl. Pourtant tout commençait plutôt bien dans une première partie intéressante avant de partir complètement de travers passant d’un bon thriller à une sorte de blague, une vaste fumisterie. Qu’est-ce qu’il s’est passé David ?

En fait, je comprends ce que tu veux dire avec ce film, j’ai bien compris ta critique de la société américaine, de l’hyper médiatisation. J’ai compris ton envie de nous dire que sous les apparences se cachent parfois les pires monstres. Car avec ce film au final c’est le portrait de l’Amérique que tu dresses, tu nous montres que tout est mis en scène, illusoire, comme le mariage des deux personnages. Ce que tu nous montres c’est la fabrication de monstres et la façon dont les américains se délectent de tout cela. Tout ceci je l’ai bien compris. Me vient alors à l’esprit une question : pourquoi, avec un sujet aussi fort, avoir fait un film aussi chiant ? Que c’est long et interminable, on n’en voit pas le bout. La réalisation est pourtant superbe comme d’habitude, même si tu semble pour la première fois avec ce film à la limite de l’auto-parodie. Encore une fois je comprends ; la caméra est froide, lente, à distance, comme les personnages. Mais il n’y a pas d’éclair de génie dans la mise en scène comme dans tes précédents films.

Les acteurs sont assez fades mis à part Rosamund Pike qui livre une prestation intéressante. Ben Affleck est moyen, presque inexistant. Surtout les personnages sont antipathiques, évidemment ça participe à l’histoire. Mais comment rentrer dans un film s’il n’y a pas un seul personnage auquel s’attacher ? Amy Dunne, la femme disparue jouée par Rosamund Pike, pourrait mourir on s’en fout. Nick Dunne, le mari joué par Ben Affleck, pourrait être accusé de meurtre on s’en fout aussi. Il n’y a aucun point d’attache, comment ressentir la moindre émotion si on n’est même pas connecté aux personnages. Et puis le scénario est mou, l’histoire est excellente, sa construction aussi, mais tout est plombé par des scènes très lentes. Ça n’avance pas, il n’y a pas vraiment de tension. Tout ceci aurait pu être beaucoup plus dur, plus pervers. Je n’ai tout simplement pas réussi à rentrer dans le film. C’est dommage car quelques passages sont bons, j’ai d’ailleurs failli rentrer dans le film lors de certaines scènes pour finalement en ressortir aussitôt la scène d’après.

Je suis profondément déçu mais je te pardonne et espère retrouver le génie que j’aime tant dans ton prochain film.

Article rédigé par Matt pour Conso-Mag

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