La sortie d’un nouveau film de Wes Anderson est toujours un grand moment dans la vie d’un cinéphile. Le réalisateur de petits bijoux du cinéma comme La vie aquatique, ou encore A bord du Darjeeling Limited et du récent Moonrise Kingdom, nous revient avec The Grand Budapest Hotel son nouveau film chorale complètement barré au casting cinq étoiles.
C’est un exercice difficile que de s’essayer à faire le pitch de ce film totalement absurde. Car oui Wes Anderson est un réalisateur complètement dingue, à l’imaginaire débridé qui mélange les genres et crée des histoires burlesques. The Grand Budapest Hotel c’est l’histoire d’un récit dans un récit dans un récit. Le film commence de nos jours puis un flash-back nous amène à 1985 puis en 1932. Tout cela est très compliqué sur le papier mais à l’écran ça fonctionne parfaitement grâce à la maîtrise de la mise en scène d’Anderson. Et finalement si l’on essaye de ne pas se prendre la tête il s’agit tout simplement de l’histoire de Zéro Moustafa propriétaire du Grand Budapest Hotel qui raconte au narrateur du film (Jude Law) comment lui qui n’était qu’un lobby boy est devenu le gérant de cet hôtel.
Le film se passe en partie en 1932, lorsque Zéro Moustafa devient lobby boy -garçon d’étage- sous la tutelle de Monsieur Gustave H. interprété par Ralph Fiennes en concierge complètement dingue, quelque peu efféminé, et qui accorde ses faveurs aux vieilles dames (fortunées de préférence, et blondes) qui séjournent dans l’hôtel. Lorsque l’une d’entre elles meurt, il se retrouve propriétaire d’un tableau inestimable. Mais c’est sans compter sur le fils (Adrien Brody) de la défunte qui accuse Monsieur Gustave de meurtre. S’ensuit une folle cavale sur fond d’entre-deux guerres où l’on y croisera entre autre les habitués de Wes Anderson, Jason Schwartzman, Owen Wilson, Bill Murray ou encore Edward Norton, mais aussi Willem Daffoe , Jeff Goldlum, Harvey Keitel, ainsi que deux français, la belle Lea Seydoux, et le génial Mathieu Amalric. Ralph Fiennes casse littéralement la baraque dans ce film, avec ce phrasé rapide et raffiné, il nous offre une prestation magistrale que Wes Anderson met en scène avec maestria.
Car une fois de plus Wes Anderson nous propose un film aux couleurs vives, avec des décors féeriques, empreint d’une certaine mélancolie. La réalisation est fluide, les plans sont réfléchit avec précision osant même des zooms normalement bannis du cinéma moderne mais qui fonctionnent à merveille tellement cela colle au sujet du film, nous offrant un véritable plaisir visuel. Le mot plaisir est ce qui ressort vraiment du film, on déguste ce film qui ressemble à un gros bonbon qui aurait différentes couches. A chaque couche une nouvelle scène pétaradante où y défilent la plupart des meilleurs acteurs du cinéma américain dans des décors aussi burlesques que le film, où le réalisateur s’amuse à changer le format de l’image et à proposer une mise en scène léchée dans une narration toujours fluide et drôle. Il n’y a aucunes lourdeurs, tout fonctionne parfaitement. Et c’est pourquoi on peut émettre une critique car une fois de plus Wes Anderson fait du Wes Anderson. Alors oui c’est beau, oui c’est bien joué, oui c’est bien raconté, mais on est jamais vraiment surpris parce qu’on commence à avoir l’habitude de ce cinéma burlesque. Tout cela ronronne un peu et l’on se demande si Anderson a vraiment pris des risques en faisant ce film.
Avec The Grand Budapest Hotel Wes Anderson ne prend pas de risque avec une recette qui fonctionne très bien. Mais quel plaisir de voir ce petit bijou burlesque où l’on y croise la fine fleur du cinéma américain. Passez le seuil de cet hôtel et vous n’aurez plus envie d’en sortir !
Article publié initialement sur Conso-Mag.com