Comment réussir à exprimer ce que l’on a ressenti devant ce film ? C’est toute la question que l’on se pose en sortant de la salle de cinéma. En effet, Snowpiercer c’est une expérience, un film choc qui nous clout à notre siège, assurément l’uppercut de l’année.
Réalisé par le génial Sud-Coréen Bong Joon Ho (The Host, Mother), Snowpiercer est un film de science fiction adapté d’une bande dessinée française des années 80. Pour la première fois le réalisateur est hors de ses terres, le film étant une coproduction entre les Etats-Unis, la Corée, et l’Angleterre, avec un casting international (Chris Evans, Tilda Swinton, Song Kang-Ho). Mais attention pas question pour Bong Joon Ho de faire un simple blockbuster Hollywoodien, au contraire il va plutôt prendre le genre à contre pied. Le pitch est simple voire déjà vu : En 2031, une nouvelle ère glaciaire frappe la planète. Les derniers survivants ont pris place à bord du transperceneige, un train gigantesque condamné à tourner autour de la Terre sans jamais s’arrêter. Dans ce microcosme futuriste de métal fendant la glace, s’est recréée une hiérarchie des classes contre laquelle une poignée d’hommes entraînés par l’un d’eux tente de lutter.
Tout de suite à la lecture de ce résumé on se dit que l’on va voir un énième film sur la lutte des classes ; avec les gentils pauvres à l’arrière du train et les méchants riches à l’avant. Mais pas du tout, le manichéisme n’intéresse pas le réalisateur qui s’amuse ici à réduire le fossé entre les classes sociales à chaque étape du long métrage. Chris Evans, très bon dans ce film, joue le rôle du leader de la révolution pour prendre le contrôle du train aidé par Song Kang-Ho qui casse la baraque. Le scénario au schéma narratif s’apparentant à un jeu vidéo où chaque wagon serait un nouveau niveau pour arriver jusqu’à la porte du boss, se renouvelle à chaque nouvelle étape et enchaîne les séquences à couper le souffle. On retiendra cette séquence complètement folle et oppressante se déroulant dans une salle de classe où la pression monte au fur et à mesure jusqu’à exploser dans une violence assourdissante. On se retrouve dans un engrenage sans fin où chaque nouvelle porte ouverte apporte son lot de morts, de questions et permets de varier le ton du film qui se réinvente sans cesse, jusqu’à arriver à un final époustouflant.
Bong Joon Ho s’est entouré d’un casting quatre étoiles pour faire vivre son train avec en tête d’affiche un Chris Evans bien meilleur en révolutionnaire qu’en héros étoilé, bien plus sombre et bien plus profond qu’à l’accoutumé. Song Kang-Ho excellent comme d’habitude transcende le film du début à la fin. Les seconds rôles sont tous très bons en passant des vétérans Ed Harris et John Hurt aux jeunes Jamie Bell ou Alison Pill, avec une mention spéciale pour Tilda Swinton, physiquement méconnaissable qui donne vie à un personnage complètement dingue.
Enfin, il faut parler de la mise en scène de Bong Joon Ho qui réussit le défi de filmer dans un lieu unique. A chaque wagon son nouveau décor et de nouvelles idées de réalisation ; travelling virtuose pour filmer des scènes de batailles, variation de l’échelle de plans, ou ralentis permettent de renouveler le film à chaque instant et de ne pas ennuyer le spectateur. La réalisation est réfléchie, la photographie est superbe, le montage est précis, c’est une leçon de cinéma que l’on attendait plus en cette fin d’année 2013.
N’hésitez pas à monter dans ce Transperceneige, vous ne regretterez pas le voyage.
Article paru initialement sur Conso-Mag.
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