Argo – Le test blu-ray

Le 4 novembre 1979, l’ambassade américaine des Etats-Unis à Téhéran est prise d’assaut par plusieurs centaines de personnes. Alors que le personnel de l’ambassade brûle et détruit tous les documents et tous les dossiers, les manifestants forcent l’entrée et prennent en otage 56 personnes. Mais six membres de l’ambassade réussissent à fuir et trouvent refuge dans l’ambassade canadienne.

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L’administration américaine tente de trouver un moyen de les faire sortir du pays, mais aucune solution n’est trouvée. Un membre de la CIA, spécialiste en exfiltration, a alors l’idée de monter un faux film, de se faire passer pour producteur, venant en Iran pour des prises de vue, comptant sur cette couverture pour réussir à repartir avec les six diplomates, les faisant passer pour des membres de l’équipe de production du film. Ce film s’appelle Argo, et Argo raconte l’histoire de cet incroyable évènement.

Voici donc le troisième film de Ben Affleck, le troisième d’une carrière déjà étonnament réussie et qui, à ce titre, compte tenu des performances précédentes, est venu en quelque sorte auréoler de gloire son réalisateur. Faut reconnaître que le monsieur, s’il est plus ou moins passé à côté de sa carrière d’acteur, par faute de mauvais choix, certes, mais aussi de performances pas toujours heureuses, réussit une reconversion non seulement achevée, mais rapide et surprenante. Dès son premier film, Gone, Baby Gone, Affleck surprend tout son monde. The Town, en bel hommage à Michael Mann, est le film de la confirmation. Celle qu’Affleck est visiblement plus accompli en tant que réalisateur plutôt qu’acteur. A mon sens, Argo met tout le monde d’accord. Parce que ce n’est sûrement pas un grand film, mais comme thriller, il se révèle d’une diabolique efficacité et Affleck, d’un étonnant professionnalisme.

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Argo nous raconte donc l’histoire de ce faux film, monté de toutes pièces, pour permettre à Tony Mendez, l’agent de la CIA, d’exfiltrer les six membres de l’ambassade. C’est l’histoire d’un projet monté dans le plus grand des scepticismes, quasiment contre l’avis des grands pontes de l’administration américaine, jusqu’aux plus proches conseillers du Président. Argo, c’est l’histoire d’un projet fou, quasi ubuesque où Mendez va aller à Hollywood pour vendre un film qui n’existe pas et qui n’existera pas, puis partir en Iran, afin de prendre contact avec les six personnes, censées avoir passer la douane avec lui, tous membres de l’équipe technique du film, et repartir avec eux, au nez et à la barbe des autorités iraniennes, alors qu’elles sont sur le qui-vive, au cas où quelqu’un aurait échappé à la prise d’otage de l’ambassade américaine. Ainsi, pendant que l’administration américaine tente de trouver une solution pour libérer les 56 otages, il ne s’agit surtout pas de révéler que six autres sont ailleurs, car s’ils sont découverts, c’est fini pour eux.

Argo est aussi, comme certains de ses plus illustres prédécesseurs, un film sur l’industrie du cinéma. Affleck en profite pour montrer Hollywood sous un jour qu’on attend finalement pas vraiment, un lieu où l’on peut monter de toutes pièces un faux projet, simplement en s’en donnant les moyens et en donnant l’envie aux médias, et donc aux spectateurs, de voir ce film. Nul doute d’ailleurs que bon nombre de projet n’aient pu être menés à bout qu’en donnant l’impression qu’ils existent, ceci dans le seul but de réussir à le monter ensuite. D’une certaine façon, et bien que ce soit connu, ça fait peur.

Argo est enfin la mise en image d’un homme, Tony Mendez qui, envers et contre tout, va mener son projet au bout, grâce à un peu de chances et beaucoup d’abnégation et alors que sa propre administration ne croit pas en cette opération, ne la choisissant qu’en l’absence d’une autre. Jusqu’au bout, il devra franchir des obstacles qui, pour certains, seront ceux posés par ceux censés lui offrir son soutien. Une sacrée réussite au final.

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Argo est donc le film de la consécration car il a quasiment tout raflé en terme de récompenses. Pour ne citer que la plus prestigieuse, il obtient l’Oscar du meilleur film. Il obtient également celui du meilleur montage et du meilleur scénario adapté. Qui se rajoutent aux multiples autres nominations et récompenses obtenues ailleurs. L’Oscar du meilleur film a fait couler beaucoup d’encre. A mon niveau, je ne reprocherai pas à Argo de n’être qu’un très bon film. Si les Oscars ne récompensaient que les grands films, ça se saurait. Quant à savoir s’il est un peu tôt pour donner ce genre de récompenses à un si jeune réalisateur, si proche de son début de carrière, faut bien le donner à un moment donné ou à un autre. Le fait est qu’on ne peut que remarquer un accomplissement croissant dans chacun de ses films et qu’avec seulement trois films à son compteur, Ben Affleck fait déjà montre d’une assez étonnante maîtrise.

A ce titre, Argo se révèle d’une diabolique efficacité. Parfaitement rythmé et découpé, l’Oscar du meilleur montage n’est clairement pas volé, Argo déroule ses différentes histoires avec sérieux et application. A ce titre, la dernière demi-heure est une démonstration, le stress montant croissant, alors qu’on sait très bien quel sera le dénouement de l’histoire. On est malgré tout pris dedans, à fond.

Certes, Argo connaît quelques petites erreurs, comme une fin un poil trop happy end, America rules (bon en même temps, c’était le cas en réalité) et quelques petites baisses de ryhtme. Il interroge très peu les errances de l’époque et à ce titre, n’a rien d’un effort de rédemption ni même d’accusation des autorités de l’époque. Ce n’est sûrement pas son propos de toutes façons. Mais que ce soit en matière de reconstruction, d’exactitude historique, de qualité du fond ou de la forme, jusqu’aux performances des différents acteurs, ça n’en reste pas moins une belle démonstration.

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Ainsi Argo est donc un très bon thriller, très prenant, du début à la fin, et Affleck continue de faire montre d’un talent certain. Nul doute que ce succès aussi critique que public lui donnera les moyens de poursuivre une carrière particulièrement intéressante (pour ne pas dire surprenante). Affleck n’a pas fini de nous étonner à mon avis, et si j’attends sa prochaine réalisation de pied ferme, il serait criminel de passer à côté d’une des plus belles réussites de l’année 2012.

video

Impossible de ne pas lui accorder la note maximale. Argo est à la fois bluffant et parfait. Bluffant parce que sans défauts visibles, alors qu’il arbore une vraie patine « cinéma », avec beaucoup de grain, ainsi qu’un réel effort post prod pour permettre de donner à l’image un aspect d’époque. Parfait parce que le bluray n’a pas le moindre défaut. La précision est excellente, la définition itou et même quand la réalisation s’énerve, on conserve une qualité d’image à saluer. Alors certes, c’est un film récent, et Warner aux commandes, difficile pour autant de ne pas saluer !

audio

Argofuck Yourself pour les amateurs de VF, puisque Warner n’a pas changé. Ce sera donc Dolby Digital 5.1, efficace, mais sans éclats face à la très bonne piste VO, DTS-HD Master Audio 5.1.

Nerveuse, ample, précise, rien à lui reprocher, du travail d’orfèvre.

bonus

Pas mal de modules, assez intéressants pour la plupart. Pas de sous-titres pour le commentaire audio, pour pas changer… A noter dans cette édition Fnac, le traditionnel livret, cette fois de 32 pages, toujours instructif.

° Film disponible en version cinéma et version longue, 9 neuf minutes de plus.

° Le récit des témoins : PiP avec interviews de différents intervenants de l’histoire. Sous-titré français.

° Commentaire audio : Hey, what did you expect ?

° S’échapper de Téhéran : Nous y étions : Différents intervenants de l’époque témoignent de cette incroyable aventure.

° Argo : Un réalisme absolu : Autant rendre hommage au très gros boulot abattu pour faire correspondre le film au plus près de la réalité.

° Argo : La CIA et Hollywood font équipe : Fait redite avec d’autres éléments présents ailleurs.

° S’échapper d’Iran : L’option d’Hollywood : Documentaire de 2005 relatant les faits.

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