[Critique cinéma] Magic in the Moonlight

Comme le Beaujolais nouveau, chaque année Woody Allen nous livre son nouveau cru. Léger et délicieux, son nouveau film, Magic in the Moonlight, est un régal.

Tous les ans, presque à la même période, pour les cinéphiles il est un rendez vous à ne pas manquer: le dernier film du maître Allen. Tantôt on peut tomber sur un mauvais cru comme le prouve To Rome with Love, mais le plus souvent c’est la promesse de passer un bon moment dans l’univers Allenien. Car le cinéaste a la formule magique pour toujours écrire des histoires passionnantes et réaliser des comédies psychanalytiques avec toujours en trame de fond une satyre des classes sociales aisées. Woody Allen c’est donc un magicien, un illusionniste, qui à chaque fois réussit à transformer une histoire qui pourrait paraitre banale en une petite pépite. La qualification de magicien n’est pas utilisée au hasard car le cinéaste a tout au long de sa carrière montré sa passion pour l’art de l’illusion et certains de ses films effleuraient le sujet comme Scoop par exemple. Avec Magic in the Moonlight, il décide de mettre à l’honneur cet art qui le passionne tant en faisant de la magie le sujet principal de son nouveau film.

Après l’excellent Blue Jasmine qui a valu à Cate Blanchett de décrocher l’oscar de la meilleure actrice , Woody décide de poser ses caméras dans le sud de la France. Le film se passe dans les années 20 et met en scène Stanley Crawford (Colin Firth) un prestidigitateur plus connu sous le nom de Wei Ling Soo. Il est Anglais, arrogant, grognon, à la limite de la dépression et surtout il ne supporte pas les soi-disant médiums. C’est ainsi qu’il va passer quelques jours dans la villa d’un ami dans le but de démasquer la ravissante Sophie Baker (Emma Stone), une jeune femme qui prétend être médium. Cette rencontre va ébranler les certitudes de Stanley, que ce soit au niveau spirituel ou sentimental.

Le premier point fort du film ce sont ses personnages merveilleusement bien interprétés. Colin Firth livre une prestation presque parfaite, ce rôle d’anglais snobinard et désagréable mais pourtant attachant lui va à merveille. Emma Stone quant à elle est resplendissante. Woody Allen sublime la beauté de l’actrice tout comme il l’avait déjà fait avec Scarlett Johansson dans Match Point. Son personnage est agréable et charmant, très rapidement on tombe nous aussi amoureux d’elle. Le duo fonctionne très bien, les acteurs prennent plaisir à jouer et ça se voit, du coup le spectateur s’attache très vite aux deux personnages principaux. L’histoire du film est presque banale mais cache beaucoup de thèmes: la mort, l’au-delà, la confrontation entre différentes classes sociales, la fausseté de notre monde. Mais surtout, sous le thème de la magie se cache en fait une réflexion sur le sentiment amoureux, sur le scepticisme, sur le fait que l’amour est comme un tour de passe-passe et qu’il vaut mieux vivre dans l’illusion pour être heureux. Woody Allen en profite aussi pour se moquer encore une fois de la classe bourgeoise et de leur vision de l’amour à travers le personnage d’un jeune homme de bonne famille qui pour séduire la belle Sophie va lui jouer des sérénades au Yukulele. D’ailleurs on rit beaucoup durant cette comédie fraîche et légère, on s’amuse de ce jeune homme complètement embourgeoisé, des remarques assez rustres du personnage principal, et des situations cocasses.

L’autre point fort du film c’est sa mise en scène qui joue avec les couleurs chaudes et ensoleillées du sud de la France. La photographie de Darius Khondji est sublime, s’amusant avec le côté carte postale des paysages. L’image est stylisée et rend bien compte de l’atmosphère des années 20. Woody Allen s’amuse à la réalisation et nous surprend, on ne l’a jamais vu aussi inspiré. La caméra est fluide et toujours en mouvement comme les gestes d’un magicien donnant un certain rythme au film. Techniquement c’est une franche réussite.

Article rédigé par Matt pour conso-mag

Laissez un message

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

*