Pour tout vous dire, James Bond n’est pas une de mes tasses de thé cinématographique. C’est peut-être un poil péjoratif, alors disons tout simplement que je n’en suis pas spécialement fan. Je connais l’imagerie de l’espion le plus célèbre de sa Majesté, je sais qui l’a incarné, je connais certains personnages et certains gadgets mais ça s’arrête là. J’aime bien sans plus pour être concis et je ne me jetterai pas sur la première salle venue pour aller voir une de ses nouvelles itérations. Casino Royale je ne l’ai jamais vu en entier et certains avis sur Quantum of Solace ont eu raison de moi.
Personnellement (sauf étant gosse) j’ai toujours eu du mal avec l’espionnage fantasmé tel que représenté par James Bond surtout dans sa forme cinématographique, n’ayant jamais lu les écrits de Ian Flemming je ne m’avancerai pas sur le sujet.
Tout ça pour dire que James Bond et moi, c’est un peu comme le coup d’un soir sur lequel on a envie de revenir juste parce qu’il n’y a rien d’autre à se mettre sous la dent. Pas la meilleure des relations, ni la pire.

Malgré tout cela, les nouvelles fraîches sur le futur de la franchise m’intéresse quelque peu. D’une part c’est toujours amusant de voir les gens y aller de leurs petites théories sur qui va bien pouvoir réaliser le film et de voir si l’acteur principal va rempiler ou va gentiment laisser sa place. Il y a quelque chose d’intéressant là-dedans, surtout de savoir comment, après 50 ans, la franchise peut se renouveler pour rameuter le maximum de monde.
D’autant plus que depuis une dizaine d’années, le genre espionnage a subi une coupe d’été pleine de fraîcheur. La trilogie Jason Bourne, 24, les deux derniers Mission : Impossible, Inception, Burn Notice, Alias, j’en passe et beaucoup d’autres, sont venus donner un bon coup de jeune à un genre qui n’était pas moribond mais qui avait sacrément besoin qu’on s’occupe de lui. En quelque sorte, l’impression donné était que l’on semblait avoir du mal à sortir des carcans du genre. Alors on imagine aisément comme cela a dû être difficile pour une licence comme celle de James Bond. Comment allait-on bien pouvoir concilier la tradition et la modernité avec ce personnage, ce mythe ?

Pour répondre à cette attente, il va falloir que les décisions prises, le soient sous l’égide de la prudence. En effet, il sera très facile d’appliquer les recettes des œuvres sus-nommées et de ne pas s’encombrer sans plus de mesure. Pour une nouvelle licence ça pourrait fonctionner mais ici, il s’agit de James Bond et les fans sont assez nombreux, il serait dommage de les décevoir. On pourrait croire que James Bond n’est ni Star Wars ou Star Trek et que les mécontents se raviseront vite mais ça serait aller vite en besogne que de croire cela, James Bond est tout aussi suivi que les deux sagas de SF, si ce n’est plus. En 50 ans, l’espion le plus classe de l’univers a eu le temps de se faire un paquet de sympathisants. Normal qu’il faille prendre des précautions avec les changements qui seront opérés.

Néanmoins, un virage assez serré sera pris avec le 21ème opus de la saga, Casino Royale. Même sans l’avoir vu dans son entièreté, on peut facilement se rendre compte que ce James Bond là, dénote totalement avec les précédents. La licence va se voir appliquer un traitement sensiblement identique dont certains noms ont été nommés dans cette article. Casino Royale va donc être un peu plus sombre, plus « speed » et ne pas être dans la même faille spatio-temporelle que ses prédécesseurs. Ce n’est plus la suite des aventures de James Bond mais son commencement. Un James Bond Begins en quelque sorte où l’on va suivre un nouvel arrivant du MI-6 devenir le célèbre agent que l’on connaît tous. Casino Royale nous embarque donc dans les prémices de ce qui fera la renommé de l’agent et on pourra avoir une certaine idée de ce qu’il a bien pu faire pour y parvenir. Malgré ces changements, la saga n’oublie pas de caser certaines références un peu obligatoires quand on s’attaque à James Bond. On fait du neuf avec du vieux et les gens ne s’y tromperont pas puisque le film fonctionnera très bien en salles.
Pour le 22ème opus on va encore être dans cette optique de changement puisque ce sera la première fois où un nouveau James Bond sera la suite directe du précédent. Concernant cet épisode, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas fait autant l’unanimité que Casino Royale. Malgré tout, rien n’arrête notre espion préféré et il reviendra pour un 23ème opus, sobrement intitulé : Skyfall.

Pour ce troisième épisode de l’ère Daniel Craig, on retrouve toujours ce côté cohérence de la temporalité. Bien que les événements qui nous sont démontrés ici n’ont pas grand chose à voir avec les deux films précédents, on reste dans cette idée de nous montrer les débuts de James Bond. Cette épisode sera celui où les clichés Bondiens seront les plus présents, plus que depuis Casino Royale en tout cas. Et pour cause puisque Skyfall va doucement faire le lien avec les épisodes précédents (ceux d’avant Daniel Craig donc). Enfin quand on parle de faire le lien ce n’est pas non plus pour opérer un toutéliage scénaristique qui enlèverait tous paradoxes temporels mais plutôt pour raccrocher le wagon des James Bond des 60’s. Comme pour essayer de boucler un boucle et de donner à cette trilogie des allures de reboot. La question que l’on pourrait se poser serait de savoir si tout ça est bien légitime, compte tenu de la façon dont les films précédents n’avaient pas vraiment de liens entre eux. Chacun ira de son avis là-dessus.

Personnellement, je trouve que l’idée n’est pas mauvaise mais pourrait perdre beaucoup de monde. En effet, beaucoup d’éléments chers à la saga et que l’on avait perdu de vue depuis deux films, font leur retour. C’est assez discret et subtil (parfois moins) mais ils sont malgré tout présent. L’impression qu’on n’assume pas de faire un James Bond sans tous les attirails qu’il a habituellement et qu’il y a un cahier des charges à remplir histoire de ne pas s’affranchir d’une partie des spectateurs. Ça plaît ou pas mais quoi qu’il en soit c’est un sentiment assez bizarre qui s’échappe de certaines séquences et de certains choix. En tout cas, ça n’enlève en rien la qualité intrinsèque du long-métrage et, même s’il y a certains défauts, le film bénéficie d’un traitement très intéressant et qui arrive à tenir son spectateur en haleine du début à la fin.

Pour ma part, c’est bien la première fois que je voyais Bond dans une aussi mauvaise posture puisque tout le long du film, lui et ses collègues du MI-6 vont ne faire que subir la loi du grand méchant du moment. Je ne m’attendais pas vraiment à ce que l’espion soit aussi peu sûr de bien finir le long-métrage, j’ai souvent eu l’impression qu’il subissait plus qu’autre chose. Pas déplaisant mais véritablement déstabilisant quand on a une certaine idée de James Bond. Et c’est bien là, à mon sens, toute la schizophrénie du long-métrage. On nous appose un James Bond à la psyché plus travaillé qu’habituellement (et dans mon souvenir) mais en restant très proche d’une certaine psychologie de comptoir. Sans spoiler, certains événements qui lui sont tombés dessus plus tôt dans sa vie lui reviendront dessus dans le film (le Skyfall du titre) et feront du James Bond de Skyfall l’une des interprétations les plus sombres que j’ai pu voir. Malgré tout, j’émets quelques réserves sur la noirceur qui entoure le personnage. Je ne trouve pas ça forcément très utile et pas forcément bien amené. Étrangement, je comprends bien ce qu’ils ont voulu faire (étoffer psychologiquement un personnage déjà vu et revu) mais ça ne prend pas vraiment très bien à mon sens.

Malgré cela, le spectacle n’est absolument pas raté pour autant, les scènes d’actions sont bien foutues, bien amenées, ne bénéficiant pas d’une mise en scène dégueulasse et étant dignes de figurer parmi les plus spectaculaires de la saga (l’intro en moto, par exemple). Le temps défile sans que l’on s’ennuie une seconde et pourtant Skyfall accuse près de 2h30 de métrage mais tout est fait pour que l’on ne s’aperçoive de rien. Il y aura bien un petit moment de tassement à la moitié du film mais rien de vraiment gênant.

Un film carré en somme. Il ne déborde pas par son originalité mais offre des choses loin d’êtres inintéressantes et plutôt bien vues pour certaines, dans un film de la saga. Ça aura pu être bien pire et on aurait pu se retrouver avec une histoire dont on se fout éperdument ou des personnages sans saveurs ni charisme. Pour ce point, Skyfall s’en sort haut-la-main. Que ce soit les éléments du côté de Bond ou son ennemi, chacun dispose du même sérieux. Les personnages semblent tous avoir un background travaillés malgré le fait que, pour certains, la présence à l’écran se résume à quelques minutes. On croit en ces personnages et c’est bien là le principal. Surtout le méchant, Silva. On aura beau dire mais les ennemis de James Bond se doivent d’être une tronche que l’on oublie pas. Que ce soit Scaramanga, Jaws, Max Zorin, j’en passe et d’autres, on se souvient d’eux à cause d’une particularité physique ou juste parce qu’ils dégageaient un certain charisme. Pour Skyfall, le méchant baignera dans cette tradition, Silva est un personnage haut en couleur et qu’on aura du mal à oublier. Faut dire aussi que Javier Bardem fait tout ce qui est en son pouvoir pour rendre ce personnage totalement maboule. C’est bien simple, il a véritablement mauvais fond et n’est pas là pour quelconque trafic ou domination du monde, lui ce qu’il désire par dessus tout, c’est la vengeance. Pas plus pas moins. Un peu de fraîcheur de ce côté là, ça ne fait pas de mal.
On pourrait être tenté de dire « tout ça pour ça », une fois le long-métrage fini mais c’était, peut-être, le risque à prendre pour ce James Bond là. Personnellement, ça me convient amplement. Ce n’est certes pas d’une originalité folle mais c’est bien foutu et bien amené comme je le disais plus haut. Entre nous, si on m’avait expliqué le pitch, je n’aurai pas misé une thune sur Skyfall. Comme quoi.

Derrière la caméra on retrouve le sympathique Sam Mendes. On aurait pu se demander ce qu’il pouvait bien venir foutre sur la licence mais une fois les 2h23 terminées, on se dit que c’était pas le plus mauvais des choix. Le réalisateur relève le défi avec aisance et ne va pas en faire des caisses. Par contre, si vous êtes un aficionados de son cinéma et que vous n’avez jamais vu de James Bond, vous risquez d’être un peu surpris. C’est probablement son film le moins personnel de sa filmographie mais n’est pas mauvais pour autant. Que l’on aime ou pas le réalisateur, force est de constater qu’il a su être à la hauteur du mythe.
On pourra également félicité Mendes d’avoir amené sur James Bond, l’un des directeur photos les plus talentueux de sa génération, Roger Deakins. C’est bien simple, sans Deakins, le film n’aurait absolument pas la même saveur. Il nous démontre tout l’étendu de son savoir-faire et réussira à donner à certaines scènes, une véritable ambiance. Que ce soit la séquence colorée à Shanghai où à la séquence dans la lande Écossaise (qui offrira la scène la plus visuellement impressionnante du film), la pâte de Roger Deakins offre un spectacle visuel de premier ordre, que je n’aurai (encore une fois) pas cru possible.

Musicalement aussi le film fait dans le différent avec quelques sonorités électro pas déplaisantes du tout et surtout, très en accord avec les images. La musique composée par le presque sosie de Joachim Löw, Thomas Newman qui, lui aussi, nous prouve qu’il peut bosser sur à peu près tout et n’importe quoi.
On ne peut pas parler de la musique sans évoquer le générique du début. Interprétée par Adele, la chanson colle bien au film également et est loin d’être aussi mauvaise que le prétend. En parlant du générique, celui-ci est d’ailleurs magnifiquement mise en scène. Une vraie œuvre d’art.

Pour la troisième fois consécutive, c’est Daniel Craig qui endosse le rôle de l’espion le plus classe du monde. Autant vous dire qu’ici c’est un euphémisme. L’acteur en Armani suinte la classe, c’en est même à dégoûter. Mise à part ça, il offre une prestation intéressante même si j’ai toujours l’impression qu’il force un peu le trait à certains moments. Il est néanmoins crédible dans son rôle, c’est tout ce qu’on lui demande.
Sur Skyfall, il sera toujours aux côtés de Judi Dench qui incarnera M pour la septième fois et quelques petits nouveaux dans la saga, comme Ben Winshaw ou Ralph Fiennes.

On sait que James Bond a, quelque peu, influencé le monde du jeu-vidéo. Beaucoup se souviennent avec émotion de l’adaptation de Goldeneye par le studio Rare sur N64 et, pour ceux qui y ont joué, la saga Metal Gear Solid comporte beaucoup d’allusions aux différents films de James Bond. Kojima ne s’en est jamais caché, il aime beaucoup le septième art et James Bond a toujours été cité dans ses influences. Pour Skyfall, j’ai l’impression que les scénaristes se sont, à leur tour, inspirés de la saga de Kojima. Ceux qui n’ont pas vu le film ou jouer à un MGS peuvent passer leurs chemins, pour les autres, le spoils ne sera pas un problème. C’est surtout au niveau de la relation des personnages que c’est le plus flagrant selon moi. Ce qu’il se passe entre Bond et Silva, n’est clairement pas sans rappeler la relation qu’entretiennent Solid et Liquid. D’ailleurs Silva dira bien à Bond qu’ils sont frères et qu’il est le meilleur des deux. M peut être vu comme une sorte de The Boss en moins femme de terrain mais là encore, ce qu’il se dit à son encontre (elle aurait « créée » Bond et Silva) matche pile poil. Toute la dernière partie du film est également très Kojimaesque dans l’esprit. Le visuel tout embrumé, la progression qui fait passer Bond de zones en zones, même l’affrontement final dans une chapelle respire la pâte Kojima. Sans compter le fait que Bond ne se sente plus à sa place dans ce monde, qu’il trouve qu’il est trop vieux et fait un peu tâche (la même chose pour M).
Tout ceci n’est peut-être qu’une lubbie de ma part mais c’est tellement appuyé par moments qu’il m’est difficile de passer outre.

Alors ? James Bond est-il un vieux rabougri, totalement dépassé par les petits jeunots ? Bref, un has-been ? Skyfall semble nous démontrer le contraire et prouve que l’espion le plus vieillot du cinéma, n’est pas le croulant auquel on s’attendait. C’est dynamique et plutôt bien troussé. Reste qu’il va falloir continuer sur la même longueur s’il ne veut pas être relégué à la case horaire du mercredi après-midi sur France 3. D’ailleurs, et c’est plutôt bien vu de la part des scénaristes, on a l’impression que l’espion n’a plus vraiment sa place dans ce monde mais qu’il essaie de garder la tête haute malgré tout. On le voit souffrir pour y arriver. Serait-là une façon de nous dire que James Bond en a encore dans le slibard et que c’est encore lui le daron ? Peut-être bien.

James Bond, une saga qui ne mourra jamais. C’est du moins ce qui en ressort après ce 23ème opus. Loin d’être exempt de défauts, le film fonctionne malgré tout et arrive à être accrocheur. Disposant d’une histoire prétexte mais de personnages intéressants, Skyfall n’est clairement pas un chef d’œuvre mais se laisse regarder avec plaisir. Les espions n’ont peut-être plus le vent en poupe à l’heure actuelle mais James Bond lui ne courbe pas l’échine et reste fidèle (mais pas trop) à lui-même. Un petit coup d’anti-rides sur une saga cinquantenaire. A voir si l’effet le sera plus longtemps.

Si le Blu-Ray de Skyfall n’est pas dans les top technique de fin d’année, ça serait à n’y rien comprendre. Le boulot qui a été abattu pour totalement respecté les choix de la photographie a dû être assomant. C’est magnifique a tout point de vue. Que ce soit sur les couleurs pétantes de Shangai, sur les débuts en plein soleil ou sur la fin brumeuse au possible, ça aurait pu donner quelque chose de vraiment pas terrible mais ça pète de milles feux. Pas pour rien d’ailleurs que Roger Deakins a été nominé pour l’Oscar de la meilleure photo. Chapeau bas.

Profondeur de champs, détails, compression, rien à redire sur une image déjà bien chargée en bon point. Si vous achetez vos Blu-Ray juste pour l’image, celui-ci est particulièrement fait pour vous.

Il fallait une partie audio qui soit à la hauteur de la sublime image, autant vous dire qu’il ne vous faudra pas bien longtemps avant de vous en rendre compte. Quel que soit le type de séquences à l’écran. Que ce soit dans des moments calmes ou dans des scènes de gunfights, tout est réglé comme du papier à musique. On est littérallement transporté au coeur de l’action et, du coup, c’est l’immersion qui en profite.
La musique est également très bien rendu et les sonorités électriques trouvent un écrin de choix.

Ça c’est pour la VO en DTS HD MA 5.1. Pour la VF, il vous faudra vous contenter d’un DTS 5.1 mais qui offre du très bon boulot. C’est sûr qu’on perd au change mais ce n’est pas non plus la honte. Si vous n’en êtes pas satisfait, le bouton menu de votre télécommande saura vous guider pour la VO. N’ayez crainte, c’est sans danger.

On aurait pu s’attendre à une profusion de bonus mais il n’en est rien (surtout eu égard au mythe). C’est presque le minimum syndical pour tout dire. C’est dommage parce qu’il doit y avoir à dire sur le sujet. En tout cas, les bonus présentés ne sont pas inintéressants, au contraire.

Commentaire audio du réalisateur : Mendes va refaire le film. Un commentaire audio making-of en quelque sorte. Pas avare en informations en tout genre, le réalisateur est plutôt à l’aise avec l’exercice. Si vous voulez en savoir plus sur le film, n’hésitez surtout pas.

Commentaire audio des producteurs et du décorateur

Filmer Bond (HD, 59 mins) : Si vous voulez presque tout savoir sur la fabrication du film, c’est ici que ça se passe. Divisé en plusieurs parties indépendantes (mais pouvant être visionné d’une seule traite), ce making-of se révèle intéressant et pas ennuyeux pour un sou. Le panel d’informations est large (cascades, personnages, musique etc etc) et sera un parfait complément au film (comme le comm’ audio mais ça ne sera pas trop redondant pour autant).

Avant-première de Skyfall (HD, 4 mins) : Comme son nom l’indique une petite featurette pour nous montrer l’avant-première de Skyfall au Royal Albert Hall. Rien de bien extraordinaire.

Bandes-annonces (HD, 3 mins)