Willow – Le test blu-ray

Une prophétie annonce la naissance d’un enfant qui entrainera la chute de l’ignoble reine Bavmorda. L’heureux évènement se produit et la Reine fait tout ce qui est en son pouvoir pour se débarrasser du bébé. Une sage-femme la récupère mais poursuivie par les hordes de soldats de Bavmorda, elle est contrainte d’abandonner l’enfant qu’elle place sur une espèce de radeau qu’elle laissera dériver sur un fleuve. Willow Ufgood, du peuple des Nelwyns vivant loin des Daïkinis (les humains), tombe par hasard sur la petite Elora et sera entrainé malgré lui à la protéger coute que coute. Commence alors un long périple dans le but de rendre le plus vite possible le bébé aux humains. Sur le chemin, il tombe sur un bandit de grand chemin, Madmartigan.

avis

Quoique l’on puisse en penser, la Fantasy ou l’Heroic Fantasy, voire le Sword & Sorcery étaient déjà présents dans les années 80 avec plus ou moins de bonheur à la clé. Les exemples existent : Le Dragon du lac de Feu, Legend, Labyrinth, Excalibur, Dark Crystal, Tygra, Krull, Conan le Barbare, Ladyhawke, Dar L’Invincible (sic !), tous sortis sur les écrans avant 1988. La tornade Peter Jackson ne nous était pas encore passée sur la tronche mais vous voyez qu’il y avait de quoi alimenter notre imaginaire et notre soif de magie et de combats épiques en tous genres.

Ca ne pouvait pas laisser indifférent un certain George Lucas. Il aurait eu l’idée de Willow bien avant Star Wars en fait. Il paraitrait également que certaines idées du scénario de Willow dateraient de la première trilogie, c’est pour dire.

Avant de chercher un réalisateur, Lucas doit d’abord vendre son projet aux studios. Malheureusement personne n’en veut à cause des flops à répétitions des films estampillés Fantasy et Heroic Fantasy. En effet, Le Dragon du lac de Feu, Legend, Krull, Labyrinth (déjà produit par Lucas) et d’autres ont perdu de l’argent. Même avec le succès planétaire de Star Wars, Lucas ne réussira à convaincre qu’une seule personne, Alan Ladd, Jr. (le fils du célèbre comédien), président de MGM. Ce dernier avait donné le feu vert à Star Wars à l’époque où il était à la tête de 20th Century Fox. A cette époque MGM avait déjà (ou encore) des problèmes financiers et Willow représentait un gros risque pour le studio au lion qui rugit. Ladd Jr. décide quand même de mettre la main à la poche et accorder à Lucas la moitié de 35 million de dollars, montant du budget estimé pour le long-métrage. Le reste sortira du porte-monnaie de Lucasfilm.

Pour le metteur en scène, ça va être beaucoup moins compliqué. George Lucas connait Ron Howard depuis un bail puisqu’il l’avait fait tourner dans American Griffiti. Transfuge de la célèbre série télé Happy Days, Howard sera celui qui s’en sortira le mieux. L’acteur décide de stopper sa carrière d’acteur pour se consacrer à la mise en scène. La transition se passe assez bien, il réalise Night Shift (Les croque-morts en folie) mais c’est son second film Splash (l’histoire d’une sirène) qui va le révéler en cartonnant au box-office. Puis il enchaine sur Cocoon (encore un succès) et Gung Ho, du saké dans le moteur. C’est sur lui que ça tombe et Willow sera son quatrième effort.

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L’histoire sort de l’imagination de George Lucas mais le scénariste c’est Bob Doleman. Willow c’est un peu « L’Heroic Fantasy Pour les Nuls ». Inutile de vous dire que Lucas picore un peu partout, du Seigneur des Anneaux (Willow transporte son fardeau, le bébé – à la place de l’anneau – et fait partie d’une race de petites personnes) en passant par l’histoire de Moïse (le berceau d’Elora Danan sur une rivière et récupéré par les Nelwyn). Si j’étais méchant, je dirai qu’il bouffe à tous les râteliers mais étant donné que Willow provoque une certaine nostalgie chez les gens de mon âge (et moins), je vais m’abstenir. Toutefois, le « syndrome Lucas » frappe à nouveau ce long-métrage exclusivement destiné aux enfants. C’est un spectacle tout ce qu’il y a de familial dans la pure tradition de Star Wars (devenu entre-temps, un représentant de la « S.F. pour les Nuls » aussi). Nous ne sommes pas dans une œuvre sombre avec beaucoup de place pour la psychologie des personnages mais dans quelque chose de plus accessible pour la majorité du public. Certains diront que c’est la force du métrage ou sa faiblesse. Je pencherai pour la deuxième solution.

Le beau Val Kilmer à la gueule de jeune premier, interprète de manière très professionnelle, le rôle du anti-héros habituel avec sa dose d’opportunisme et de rédemption. Sur le tournage, il rencontre sa future femme Joanne Whalley qui incarne Sorsha, l’intrépide fille de la reine Bavmorda. Mais la vraie vedette de cette entreprise c’est Warwick Davies alias Willow . Si l’on vient de le voir dans le récent Jack le Chasseur de Géant de Bryan Singer, les plus vieux se souviennent de lui pour ses participations dans les deux téléfilms Star Wars, La Caravane du Courage et La Bataille pour Endor dans lesquels il était Wicket, l’Ewok. Ce rôle, il a eu grâce ou à cause d’une intoxication alimentaire de Kenny Baker (R2D2 dans Star Wars) qui devait tenir le rôle de l’Ewok. Baker interprétera quand même un Nelwyn dans Willow.

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On ne peut pas vraiment affirmer que le film ait cartonné lors de sa sortie sur les écrans américains, on peut alors se risquer à faire entrer Willow dans la liste des films cultes puisque son succès s’est vraiment fait à partir des ventes vidéo. Le long-métrage est depuis resté dans nos mémoires comme un divertissement sympathique. Evidemment aujourd’hui tout ça aura pris un léger coup de vieux comparé aux films de Peter Jackson.

Pour un film familial, cela reste tout à fait acceptable (si l’on n’est pas trop regardant) et les effets visuels, même s’ils ont vieilli, demeurent assez corrects lorsqu’il n’y a pas trop d’incrustations à l’image (le pire ce sont les très agaçants, bruyants et minuscules Brownies). Les maîtres des illusions Dennis Murren (pour les effets de Morf, technique qui deviendra le « Morphing » popularisé par Terminator 2 quelques années plus tard) et Phil Tippett (pour la séquence de la créature à deux têtes) se sont chargés de donner vie à toute une galerie de personnages flamboyants tandis que Ben Burtt, bruiteur de génie s’occupe du design sonore avec tout le talent qu’on lui connait (Star Wars, Wall-E). Malgré tous ces artistes d’exception réunis, les Oscars du Meilleur Montage et des Meilleurs Effets Visuels seront attribués à Roger Rabbit dont ILM s’était également occupé.

Parce qu’on avait tous oublié ce détail, le tout a été tourné en extérieurs, à savoir en Angleterre mais surtout en Terre du Milieu (la Nouvelle-Zélande pour ceux qui ne suivraient pas) ce qui confère une beauté visuelle naturelle au film d’Howard. Nous sommes également ravis de redécouvrir la B.O. de James Horner dont certains accents font immédiatement penser à son travail sur Wolfen ou Star Trek II : La Colère de Khan, La Ferme de la Terreur ou Krull. Voilà ce dont il faut se rappeler lorsque vous reverrez ce Blockbuster au capital sympathie compréhensible mais à la réputation un tantinet surévaluée. Le principal c’est que vos enfants apprécient et en plus ça leur fera une jolie introduction au genre avant de passer aux choses sérieuses.

video

Qui l’eût cru ? George Lucas a supervisé cette édition et le transfert est…réussi. On a eu très peur vu le rendu des Star Wars en blu-ray qui étaient pourtant eux aussi estampillés THX. Ca tiens un peu du miracle cette histoire parce que Willow s’en tire avec les honneurs en HD. Pas de défauts de pellicule en vue et une jolie définition sur quasiment tous les plans. J’ai dit « quasiment », donc on peut enlever les quelques plans larges beaucoup moins piqués que d’autres (notamment les gros plans très impressionnants parfois). Il reste un peu de grain preuve que les restaurateurs n’ont pas fait usage à outrage de tripatouillages numériques divers et avariés. Je pense que ça faisait un moment que l’on avait pas vu le film de Ron Howard dans ces conditions. Quelques SFX accusent le temps mais c’est normal et cela donne presque un certain charme à cette présentation du film. Les fans vont être ravis et ceux qui découvriraient Willow pour la première fois ne devraient pas être déçus du résultat.

audio

Pour le son c’est encore plus impressionnant, du moins en ce qui concerne la V.O. en DTS-HD Master Audio. Non pas que la piste française en DTS (simple) 5.1 ne soit pas efficace mais honnêtement on préférera la piste originale pour profiter de TOUS les détails sonores et il y en un paquet (merci Ben Burtt). Ce qui m’a le plus étonne c’est l’utilisation du caisson de basse qui ne passe pas inaperçu. La dynamique du son dans l’ensemble est très appréciable et n’a rien à envier à certains mixages récents. Les effets sont parfaitement répartis sur toute votre installation et les dialogues sont bien intégrés. On n’en perd pas une miette. Si vous ne pouvez pas vous refaire Willow en V.O. parce que vous êtes trop habitués à la V.F. de votre enfance…faites vous plaisir mais vous y perdrez forcément un petit peu au change.

La note vaut pour la piste originale.

bonus

Des suppléments récents et plus anciens, c’est ce que l’on retiendra de cette partie bonus finalement pas trop mal en termes de contenu car il y a de l’inédit. Mais jugez plutôt :

* Scènes coupées avec Ron Howard – (12mins32)

* Making of : Willow : les coulisses d’une aventure – (23mins39)

* L’aube du numérique au cinéma : du « Morf » au « Morphing » (17mins24) – Dennis Murren en personne nous accueille pour nous parler de l’aube d’un effet spécial devenu monnaie courante aujourd’hui, le Morphing.
* Willow : un héros improbable (10mins53) – journal vidéo de l’acteur totalement inédit. Il avait tout juste 18 ans au moment du tournage.

* Matte Paintings – (1min)
Tous les suppléments sont en HD mais attention en ce qui concerne le making-of car l’introduction du réalisateur a beau être en HD, les images restent d’époque !

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