Iron Sky – Le test blu-ray

Avec un titre pareil, on sait relativement bien à quoi s’attendre. Si vous espériez avoir ZE classique définitif à la Starship Troopers, je vous dirais qu’il ne faut tout de même pas pousser mémé dans les orties surtout si mémé est une psychopathe. Par contre si vous espériez un film proche d’un zédard avec moult effets visuels et délires en tout genre savamment orchestré alors vous pouvez faire confiance au Finnois Timo Vuorensola.

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Les nazis dans des films comiques, on connait déjà. Entre Le Dictateur de Chaplin (dont on verra quelques images détournées dans Iron Sky), Les Producteurs (1968) de Mel Brooks, To Be or Not to Be versions Lubitsh et Alan Johnson (le remake avec Mel Brooks) ou encore quelques grosses poilades du style Shock Waves (1977) de Ken Wiederhorn, Top Secret (1984) des ZAZ et plus récemment Dead Snow (2009) du Norvégien Tommy Wirkola et l’inévitable Inglourious Basterds de Tarantino, il y a de quoi faire, il y en a même des cargaisons entières (d’ailleurs n’oublions pas Indiana Jones 1 et 3 au passage) . En fait, on peut remonter carrément en 1941 avec Le Roi des Zombies de Jean Yarbrough, responsable de pas mal de film du duo Abbott & Costello, c’est dire que ça ne date pas d’hier.

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Le pitch d’Iron Sky est donc sans surprise et d’une simplicité adéquate : nous sommes en 2018 et les américains envoient une équipe d’exploration sur la Lune, chose qu’ils n’avaient pas faite depuis les années 70. Entre-temps ou plutôt, tout de suite après la fin de la seconde guerre mondiale, le IIIème Reich déménage. Ceux qui pensaient qu’ils s’étaient tous carapatés en Amérique du Sud se foutent gentiment le doigt dans l’œil jusqu’au coude. En réalité une bonne partie de ces fumiers ont pris une fusée au départ de leur base secrète en Antarctique afin de se barrer sur la face cachée de la Lune afin d’attendre le moment opportun pour revenir en conquérants. Nos deux Yankees se posent donc sur notre bon vieux satellite sans avoir la moindre petite idée de ce qui se passe sur cet astre mort et tombent rapidement nez-à-nez avec les Boches. L’un des astronautes, James Washington est un mannequin afro-américain choisi par la présidente des E.U. en pleine campagne et prête à tout pour se faire réélire. Le pauvre bougre va faire forte impression par sa couleur de peau, a tel point que les  scientifiques de la station vont s’occuper immédiatement de son cas et blanchir sa peau pour ressembler à un « vrai aryen ». Renate Richter, fille de médecin et spécialiste de la Terre, va être sélectionnée pour s’accoupler avec notre Black devenu blanc. Son charmant paternel, le docteur Richter est en plus tombé par hasard sur le smartphone d’un des astronautes, ce qui va lui permettre, grâce à la technologie de pointe contenue dans cet objet, de pouvoir enfin faire décoller l’énorme vaisseau spatial sobrement baptisé le Götterdämmerung (allusion au Crépuscule des Dieux du compositeur Richard Wagner). L’invasion de la Terre va pouvoir commencer et nos charmants nazis vont prêts à imposer définitivement le nouvel ordre mondial du IVème Reich.

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La « nazisploitation » trouve donc un représentant supplémentaire avec Iron Sky. Ce projet a été mis sur pied de manière asse atypique puisque le réalisateur Timo Vuorensola a souhaité solliciter de futurs spectateurs potentiels en leur proposant de mettre des ronds dans la production. Un film financé par des internautes, on appelle ça le « crowdfunding ». On connaissait déjà le principe pour le financement d’albums de certains chanteurs, pour le cinéma, c’est déjà moins fréquent. N’allez toutefois pas croire que la somme plus que respectable de 7,5 million dollars n’a été réunie qu’en faisant appel au porte-monnaie des internautes. Iron Sky est une coproduction Finlandaise (Blind Spot Pictures et Energia Productions),  Allemande (27 Films Production) et Australienne (New Holland Pictures). Pour ce qui est du financement « local », la Finnish Film Foundation a financé Iron Sky à concurrence de 800 000 dollars.

Pour revenir très rapidement sur l’historique du projet, tout débute aux alentours de 2009, du moins en ce qui concerne les démarches pour le projet Iron Sky car le concept en tant que tel, Vuorensola l’a déjà à l’esprit depuis 2006. Le but de la manœuvre est de réaliser un projet totalement indépendant. Le réalisateur de maintes parodies de Star Trek (le réalisateur est un vrai « Trekkie » retitrées Star Wreck, ouvre un blog pour que les futurs investisseurs (ça, c’est nous) suivent pas à pas la fabrication du film. Page Facebook, compte Twitter, boutique en ligne mettant en vente des produits labélisés Iron Sky pour le financement de l’œuvre, tout est réuni pour créer le buzz. Et on peut dire que ça fonctionne du feu de dieu. Votre serviteur (ça, c’est moi) se prend au jeu en suivant les péripéties du film, sa mise en chantier, sa présentation aux professionnels de Cannes via le faux journal The truth Today. Je m’abonne à la newsletter et je reçois les infos au fur et à mesure. Bien joué, Vuorensola a tout compris à son époque. Vous allez me dire que d’autres aussi ont déjà proposé de suivre la fabrication d’un film via un journal de tournage le web par exemple. C’est vrai, mais le Finlandais adopte une démarche différente de ses collègues en concernant de manière active les futurs spectateurs en les faisant participer, non seulement au financement mais également en les rencontrant directement au fur et à mesure de ses déplacements à travers les différents lieux de tournage qu’il a choisi.

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Il y a des choses très drôles dans le film : le black albinos, la technologie des « smartphone » qui fait décoller le vaisseau mère, l’invention de l’Über transmetteur Systématique Bilatérale (l’USB !), les Nations Unies qui montrent qu’elles ne le sont pas tant que ça (unies) et que certains pays se font en fait des cachoteries. Et puis la présidente des Etats-Unis ressemble étrangement à la candidate républicaine Sarah Palin. Tout ceci tend à prouver que nous ne baignons pas particulièrement dans une vision des Etats-Unis politiquement correcte mais au-delà des vannes et de quelques situations parfois savoureuses, il y a un gros manque de délire dans ce métrage. On attendait impatiemment Iron Sky pour une seule raison : se fendre la gueule et pour le coup on ne se la fend pas tant que ça, à moins d’être complètement bourré ou drogué.

L’autre critique qu’Iron Sky peut soulever, c’est sa direction d’acteur. Vuorensola réalise ici son premier long et ça se voit un peu. Alors, soit les acteurs choisis sont un peu limités soit le réalisateur à du mal à les mettre en valeur. Je pencherai en faveur de la seconde hypothèse.

Le couple vedette improbable incarné par Christopher Kirby (Mauser dans Matrix Reloaded et Revolutions et Daybreakers) et Julia Dietze fonctionne relativement bien dans la première partie du film. Le charme de l’allemande opère sur l’astronaute afro-américain et par extension sur nous aussi. D’ailleurs la charmante actrice Teutonne serait peut-être (c’est une rumeur pour le moment selon IMDB) prochainement à l’affiche dans Bullet de Nick Lyon aux côté de Danny « Machete » Trejo. L’unique problème c’est que pour en faire un couple mythique, il aurait fallu que tout suive derrière mais comme malheureusement Iron Sky s’avérera beaucoup plus faiblard dans sa deuxième partie, les deux comédiens ne vont tout simplement plus avoir assez de matière en vue d’étoffer leurs personnages.

Idem pour la comédienne Stephanie Paul dans le rôle de Madame la Présidentes des Etats-Unis pas suffisamment pétée de la cafetière pour en faire un protagoniste inoubliable. En tout cas pour ceux ayant assisté aux performances de Jack Nicholson dans Mars Attacks! ou à celle de Peter Sellers dans Dr. Folamour, se permettront forcément de faire une comparaison puisque Timo Vuorensola s’en inspire à travers ce personnage.

Les amateurs apprécieront de retrouver l’inimitable et increvable Udo Kier et sa tronche de constipé dans le rôle du nouveau führer énervé et manifestement souffreteux, Wolfgang Kortzfleisch. Rien que sa participation « clin d’oeil » donne le ton à Iron Sky et contribue à l’aura « Z » du projet.

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Bien entendu l’un des aspects les plus impressionnants d’un film monté avec un aussi si petit budget, ce sont les effets visuels étonnement bien réalisés. La quasi totalité d’Iron Sky a été tourné sur fond vert excepté quelques scènes se déroulant sur la Terre. Le tournage en extérieur s’est déroulé en Allemagne, à Francfort. L’équipe est ensuite partie en Australie pour s’occuper de tous les plans sur fond vert et ils sont nombreux. Samuli Torsonnen autodidacte proclamé et superviseur des effets visuels sur le film, affirme sans plaisanter qu’il y a autant de plans truqué dans Iron Sky que dans Transformers 3. Il dit également que la seule différence entre les deux métrages c’est que leur minuscule budget représente sans doute celui de la cantine du film de Michael Bay. Peu de technicien pour réaliser cette prouesse visuelle. En effet, Torsonnen n’avait à peine qu’une vingtaine de personnes sous sa direction afin de livrer des effets digne des plus gros blockbusters Hollywoodien. Les techniciens et artistes ont utilisé les logiciels Maya et Lightwave pour venir à bout de leur lourde tâche. le résultat à l’image est bluffant.

Le metteur en scène a sans doute choisi la facilité. Il ne s’est pas fatigué à délivrer quelque chose de complexe parce qu’il voulait que son film soit percutant immédiatement. Pour cela, il va sacrifier le discours crypto-geek pour essayer de parler au plus grand nombre et c’est bien là qu’Iron Sky va commencer à se remplir de paradoxes. Autant le début du film est réjouissant par son côté Bis voire Z, autant sa deuxième partie va accuser une baisse de régime considérable rendant l’œuvre beaucoup moins sexy que le concept de départ. Pourtant il a une tête à fumer de la Weed Monsanto celui-là mais au bout du compte son délire est beaucoup plus contenu que prévu. C’est juste que l’on a l’impression que Vuorensola s’est contenté de mettre en image un simple « pitch » et qu’il ne s’est pas trop soucié du contenu mais des nazis dans l’espace ne suffisent pas à masquer certaines carences scénaristiques qui pètent littéralement à la gueule. C’est une évidence, il aurait fallu bosser un peu plus.

Rappelant les folies de Mel Brooks, celles d’un Kubrick (pour le côté Dr. Folamour), inspiré par le bouquin Rocket Ship Galileo de Robert Heinlein (auteur de Starship Troopers), Iron Sky est avant tout un délire autofinancé de cinéphile Geek pour le quel il est difficile de déverser sa haine (quoique certains n’ont pas pu s’en empêcher de manière très prévisible). Bien évidemment, l’ensemble est forcément moins maîtrisé, moins percutant ou trash que Starship Troopers de Verhoeven, néanmoins Iron Sky dégage une sympathie assez communicative. Même si ce n’est pas la bande définitive aspirant à un être un futur film culte en puissance, je n’ai pas tellement envie de le défoncer gratuitement.

Ses prochains projets ? Peut-être une suite à la parodie de Star Trek, Star Wreck qui lui a apporté la notoriété en finlande et sur le net (plus de 4 millions de vues pour ses courts-métrages), une suite à Iron Sky serait éventuellement envisageable mais pour le moment, il s’agirait de J’ai Tué Adolf Hitler, histoire de rester dans le thème. De belles promesse qui laissent entrevoir que l’on n’a pas fini de se marrer, en espérant que Timo Vuorensola aura beaucoup appris de ce tournage.

 

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Côté image cette édition ne déçoit pas, enfin pas complètement. Le rendu visuel global est satisfaisant. Les gros plans donnent énormément de détails mais certains plans large truqués vont vous apparaître relativement « soft » et manquants de piqué. Pas une catastrophe en soi mais difficile d’attribuer la note maximale pour l’image d’Iron Sky surement à cause du tournage sur fond vert qui possède manifestement ses limites. Toutefois nous ne sommes pas en présence d’une image « à la Captain Sky et le Monde de Demain » volontairement blindée de grain, malgré l’aspect rétro futuriste recherché et assumé de l’entreprise. En tout cas, difficile de critiquer le rendu de la superbe photo du chef opérateur Mika Orasmaa qui s’était chargé de celle du film Christmas Story, la véritable histoire du Père Noël et Rare Exports.

On voit bien que le soi disant film bricolé/bidouillé ne l’est finalement pas tant que ça mais c’est tellement plus travaillé et joli que n’importe quelle nazerie télévisuelle « made in SyFy » qu’on leur pardonnera un manque de précision chirurgicale concernant l’image. Allez-y, c’est quand même du bon.

audioLà, par contre ça dépote. Deux pistes sont proposées par l’éditeur Condor Entertainment, une en français et une autre en anglais (avec quelques interventions en allemand) en glorieux DTS-HD master Audio 5.1.. Si la version originale reste bien plus efficace en termes d’intention, il faut avouer que les deux versions séduisent par leur pêche, leur dynamique. Ca pète pas mal dans tous les coins et votre caisson de basse va s’en réjouir. Bonne spatialisation en ce qui concerne les effets, de jolis avants/arrières, de la précision et des dialogues toujours intelligibles, ce qui peut ne pas toujours être le cas. En gros, bourrin mais juste ce qu’il faut.

bonusPas grand chose à l’horizon si ce n’est un tout petit making-of de presque 17 minutes qui fait un peu redite par rapport au livret de plusieurs pages inclus à l’intérieur du boitier. Dommage que le commentaire audio présent dans pas mal d’éditions à travers le monde, ait sauté pour l’édition française mais on commence à avoir l’habitude à ce niveau là. C’est bien de se distinguer mais si c’est pour systématiquement proposer des éditions dont le contenu est revu à la baisse…

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